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Shorter un actif peut-il provoquer sa chute ?

 

Il existe plusieurs produits et mécanismes sur les places financières du monde pour permettre aux investisseurs d’accroître leurs revenus.

L’un deux, le shorting, ou vente à découvert en français, défraie les chroniques en temps de crise. Il s’agit d’une pratique qui mise sur la chute des cours d’un actif pour constituer la marge du trader. Il importe en tant qu’amateur ou spécialiste de produits financiers, de comprendre les relations intrinsèques du shorting avec les places financières et les différents krachs financiers.

 

Mécanismes et acteurs

baisse des marches

Les shorters, ainsi qu’on appelle les traders qui utilisent cette pratique de la vente à découvert, sont régulièrement mis à l’index car pour nombre de personnes, ils ne seraient pas que des jouisseurs passifs des situations de crises mais ils contribueraient également à les faire survenir.

L’exemple le plus révélateur est celui de Serge W., l'auteur de l’attentat manqué contre le stade du club allemand de foot Dortmund. Après avoir acquis 12 000 actions du club avec “put option” pour la modique somme de 78 000 euros, ce germano-russe tenta le 11 avril 2017 de faire plonger les cours des actions en bourse. Il se serait constitué jusqu’à 3.9 millions d’euros de bénéfices s’il était parvenu à ses fins.

Pour les soupçonneux partisans du complotisme, loin de telles démonstrations de violences, les shorters, à force de parier sur la chute d’une valeur, laissent au marché global le sentiment qu’il y a des raisons non évidentes de s’en méfier.
La question agite également les milieux de la recherche.

Paul Asquith du MIT s’est penché sur la question, et ce sont ces conclusions qui ont déterminées l’action de la SEC, (le gendarme américain des marchés) lors de la crise de 2008. Pour Asquith, il est difficile de manipuler les marchés en ce sens car “il suffit de deux ou trois personnes intelligentes en face d’eux pour desceller le piège”.

 

 

Dans la pratique, shorter un actif consiste à emprunter des actifs en promettant rembourser dans la valeur nominale de l’actif et non la valeur courante, puis à rembourser une fois que ces actifs ont perdu une marge X.

Par exemple, si vous aviez ouvert une position de shorting en achetant 10 Ether en début d’année, puis en les remboursant aujourd’hui, vous auriez gagné en moyenne 40% de revenus sans effet levier. En effet, le cours de l'Ether a perdu 40% ses derniers mois.

 

Outil de spéculation mais indicateur de performance

cotation actions

La vente à découvert est un formidable outil de réussite pour le trader qui sait faire analyser les cours de manière objective. Plus globalement, les ventes à découvert d’un actif donnent nombre de renseignements sur l’écosystème financier, mais aussi la valeur elle-même. Il a été par exemple rapporté par un avocat spécialiste que 116 000 Ethers ont été déplacés vers Bitfinex, la célèbre plateforme d’échange de crypto-monnaies, depuis un compte du genesis bloc de la cryptomonnaie Ethereum entre le 28 mai et le 11 septembre 2018.

Il s’agit de plus de 65 millions de fonds déplacés alors même que la cryptomonnaie a perdu environ 40% déjà depuis le début de l’année.

Cette opération serait certainement passée inaperçue si le propriétaire n’avait pris des paris sur la baisse du cours. Le propriétaire de ce compte étant une baleine (c’est-à-dire un investisseur avec un important portefeuille), on peut conclure que la vente à découvert, quand elle est effectuée par une certaine catégorie d’investisseurs, traduit une perte de confiance en l’actif.

Le shorting est une pratique spéculative qui est indissociable de la bourse, elle représenterait selon Asquith 30% des transactions financières du monde.

Quand même son interdiction est peu probable, les pouvoirs publics tentent de la contenir. L’autorité européenne de régulation des marchés, l’ESMA, après des consultations et des mesures ponctuelles entend promulguer de nouvelles règles d’ici la fin de l’année.